2 roues, 1 passion…

Si l’Esthétique de Hegel classifie les arts jusqu’à 7, que la TV et la BD se sont hissées respectivement au 8e et 9e rang, la moto occupe le 10e, tenez-vous le pour dit !

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Si l’Esthétique de Hegel classifie les arts jusqu’à 7, que la TV et la BD se sont hissées respectivement au 8e et 9e rang, la moto occupe le 10e, tenez-vous le pour dit !
Les gens qui améliorent leur voiture, font du tuning alcalin, comme les piles qu’ils insèrent dans leur kit NOS estampillé Wish. Alors qu’une moto, on la sublime, on l’érige à l’état de fière protubérance de nous-mêmes…

Je taille gratuitement car je bichonne également ma voiture, et les fans de “Fast & Furious” vous diront la même chose, sauf qu’un 2 roues, ben, ça se pilote, t’as pas le choix. On fait corps avec notre monture, à tel point que si elle  tombe, on tombe avec elle et ce, peu importe la vitesse. L’exemple le plus parlant pourrait être une roue dégonflée, pardonnable au volant d’une voiture, mortel au guidon d’une moto. Ok, un autre exemple : le vieux-beau jubile de mettre ces 3 derniers cheveux au vent dans son cabriolet à 80000$ dès le premier degré au dessus de 10, on peut le comprendre mais un motard cherchera généralement des sensations plus authentiques, plus violentes, plus risquées, plus jouissives, le tout camouflé sous un full face !

C’est là-dessus que j’aurais dû étayer mon texte si l’actualité n’était pas celle qu’elle est. Je peux toujours fantasmer l’image que j’ai de la bécane mais il m’est impossible de changer l’avenir incertain qui se profile. Loin d’un mélodrame entrevu par la doxa, je vous partage mon ressenti des plus fébriles quant à notre avenir motocycliste. Je ne parle pas de notre capacité à acheter une machine mais plutôt du plaisir qui sera associé à la pratique de cette passion. Force est de constater que mon attachement à la liberté, valeur  ardemment défendue par nos anciens, m’amène à vous livrer mes doutes en constatant l’anéantissement de cette dernière.

Force est de constater que mon attachement à la liberté, valeur  ardemment défendue par nos anciens, m’amène à vous livrer mes doutes en constatant l’anéantissement de cette dernière.

On appelle ça une entrée en la matière de dépressif mais je vais rester constructif et vous relater un simple constat désabusé d’un amoureux des 2 roues.

Je réveille mon optimisme enfoui par sept ans au Québec, qui font d’un hargneux, un énervé à qui on cloue le bec ! Les mots me manquent pour défendre les joies de la moto ici, en terre québécoise. Le prix des plaques vous fout une sacrée claque ! La rime est facile mais je vous assure que ça vous rend relativement docile.

Dans ce contexte nauséabond, certains vous partagent leur vie, leurs malheurs, leurs craintes et même leurs rêves face à cette crise qui nous divise, grand bien leur fasse. Au-delà des privations de libertés mises sur l’autel du bien commun et de la bonne santé de tous (paraît-il), j’aurais cru évident que les motards se rassemblent pour pointer du doigt les injustices et pour défendre les opprimés. Habituellement, ils savent se réunir pour de nobles causes grace à leur fraternité reconnue de tous. L’audace élégante qui les distingue, permet de diffuser cet élan de solidarité et de générosité aux moins chanceux. Une forme de prétention établie, usitée à bon escient.
Cela démontre que le travail fâcheux de nos bourreaux ne date pas d’hier et que le plus choquant n’est pas l’absence d’unité mais que cela ne nous choque même plus.

En ce qui me concerne, la bécane était, est et sera mon dernier bastion bien que je perde mes repères dans cette société nord-américaine, totalement aseptisée, qui promeut le « no fault, no risk, fuckall » ! J’admets aisément que nos points de vue divergent mais nous devrions être animés par un seul but, notre droit de rider autant que faire se peut et à moindre coût. 

 J’ai grandi dans un univers de passionnés, de « rebelles » des années 80 qui pressentaient l’émergence de la véritable merde. Un milieu de guys qui savaient qu’aimer la moto vous permet de détester la police pour de bonnes raisons, que rouler vite n’est pas sécuritaire, qu’une moto procure inévitablement une érection du majeur dès lors qu’on croise un radar, qu’elle vous provoque une cécité temporaire à chaque panneau de limitation de vitesse et qu’elle est faite pour couper à travers champs, ou faire le Paris-Dakar. Je tire  légèrement le trait mais, in fine, nous aspirons à la même chose. Pour les plus prudents, la moto est un moyen de déplacement cool, enivrant et pour d’autres, un art de vivre, une façon à part entière de se mouvoir, une locomotion anatomique rythmée à la cadence du poignet !

– Au risque de paraître manichéen, ceux qui pensent l’inverse, se sont trompés d’exutoire et devraient abandonner car ils ralentissent le groupe ! –

Dans notre microcosme en perdition, il y a de la place pour les mecs en DR 250 avec un budget égal au Tim Matin du lundi matin (forcément) et ceux en HD à 50 milles balles d’origine. Libre à vous d’inverser les machines aux différents budgets de chacun, les financements sont là pour ça.

L’archétype du biker peut être bousculé cela dit, car la légende raconte qu’il y aurait des extravagants en CanAm. Des personnes émoustillées par le même amour, le pilotage en moins, diront certains, mais à 3 roues. Et non, elle n’est pas de secours, elle en sus, à l’avant ou à l’arrière pour les trikes américains.

Bref, de l’amour motorisé, il n’y a que ça de vrai.
Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que le problème transcende largement notre frontière canadienne. Je vais me restreindre à l’exemple de la France et plus particulièrement à Paris où la mairie attache une importance toute particulière à faire payer le stationnement aux propriétaires de 2 roues, mesure qui devrait entrer en vigueur très prochainement. À travers nos pays dits civilisés, les limitations de vitesse ne cessent de baisser. Les amendes pour punir le séditieux casqué, sont toujours plus élevées. La police est de plus en plus présente afin de réfréner les fortes têtes. Je ne vous parle même pas des radars de vitesse qui poussent aussi vite que les casiers judiciaires de nos dirigeants s’alourdissent. Les restrictions de circulation dans la capitale française interdisent les motos d’avant 2004. Je vais m’arrêter là car la liste est trop longue pour ne pas vous ennuyer ou vous énerver sous peu, et moi par la même occasion. Au Québec, l’amour de la moto est appréhendé par la masse comme dans les années 50 aux États-Unis. Un peu comme une mode estivale de privilégiés qui, chaque année, se saignent pour payer leurs enregistrements. Des blousons noirs qui coûtent cher à la collectivité ! Je fais l’impasse sur l’état exécrable des routes québécoises, de l’omniprésence de la police avec comme seul objectif de verbaliser les motards. Tellement qu’au Québec, il existe des villes connues pour leur police gorgée d’aversion pour les bikers profitant de la fin semaine pour enquiller des bornes et consommer local.

Accorder du crédit à ceux qui nous briment serait une erreur, car l’amour de la mécanique et des courbes ne seront jamais écologiques et encore moins raisonnables dans cette époque où l’hygiènisme n’a d’égal que la malhonnêteté des élites. Et tant mieux car ce privilège, devrait être exclusif. C’est à nous d’afficher clairement notre attraction vitale pour la moto. Les transports en commun sont là pour les sursauts écolos non assumés de nos détracteurs et dans une dynamique de citoyen modèle, nos fidèles motos ont indiscutablement leur place dans la sphère quotidienne du trajet professionnel. Bannissons le fameux « métro / boulot / dodo » et défendons le « moto / vite fait boulot / re-moto »…

Modus operandi des bons gars : casquage, gantage, chevauchage, tournage de clé et advienne que pourra ! N’ayons pas peur de faire valoir notre contrat tacite avec la mort, au même titre qu’un piéton sur un trottoir, un motocycliste doit l’envisager à chaque excès de vitesse, à chaque virage mal négocié, à chaque croisement de voiture, … mais comme le disait William Shakespeare, motard incompris à ses heures perdues, « Les dangers visibles nous causent moins d’effroi que les dangers imaginaires. ».
En résumé, ride like the best, fuck the rest ! 

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