LE BAD BOY DANS LES BADLANDS
Telle une trace de gommard sur le bitume,
Pour Tous Motards je ressors ma plume.
Ça sent mauvais, c’est temporaire mais on aime tous ça même si ça sert à rien…

L’hiver présent, je « store » ma bécane les dents serrées comme chaque année et c’est individuelle, subjective et personnelle, que sera mon analyse qui va suivre des premières rides au cœur des Rocheuses albertaines.
C’est au départ de Calgary, forcément, car j’y réside maintenant, que je traine mes pneus à crampons qui chaussent une Yamaha Bolt à l’étonnante vocation. La ville, ma moto et moi, nous connaissons bien : bordelais-parigo devenu montréalais du plateau – Rien à ajouter. On y est à l’aise dans ce « city center » de Calgary depuis fin août; il est aéré, peu congestionné et toujours ensoleillé !

Parlant du soleil, je peux vous confirmer que c’est un acquis quotidien dans cette région et ça fait mon bonheur, vous ne pouvez pas vous imaginer ! Enfin si, car vous êtes très certainement motards…
Grâce à un mois d’octobre exceptionnel (je le vois ainsi, n’ayant aucun recul), j’ai eu la chance de pouvoir prendre ma moto tous les jours pour des trajets urbains « from » école du fiston « to » travail du daron.
Changement de décor
Mais le week-end, c’est un tout autre décor, nous troquons les buildings et les tox’ attristés pour des ours sauvages et des creeks sapinées.

Et ma première sortie à moto restera dans ma mémoire car bien que natif proche des Pyrénées, j’ai été très ému par l’étendue de l’horizon qui s’offrait à moi. Une immensité magnifique et fièrement canadienne. L’adéquation parfaite entre paysages, liberté et moto chevauchée. Confidence pour confidence, j’apprécie également les limitations de vitesse plus élevées de 10 ou 20 kilomètres/heure suivant les endroits et la sensation de grandeur infinie que procurent ces routes plongeant dans les rocheuses.
Quand vous sortez de Calgary, direction l’ouest, vous apercevez au bout de dix minutes la perceptive montagneuse et majestueuse qui se promet à vous et vous savez, sentez, présagez que c’est le terrain de jeu des 4×4, motos, côtes-à-côtes, randonneurs pédestres et autres cavaliers fougueux !
Je ne porte pas encore un « Smithbilt» blanc mais je la monte ma Yam, tel un garçon vacher, dans ce pays des roses sauvages ! Elle se dandine au gré des pistes tortueuses et des chemins escarpés des sommets. Comme un chameau où y a d’l’eau, elle et moi sommes heureux tout là-haut !

La beauté des lieux pourrait nous y faire rester un temps indéfini, nous rapprochant pneu à pneu des cieux. Ouais, ça semble trop pieu mais cette beauté me fait croire en dieu, vous savez bien, celui qui nous donne des ailes pour tenir en équilibre sur nos machines. Ces divagations religieuses vous donneront, je l’espère, une vision juste et claire de l’attraction incroyable du Canada de l’ouest quand on est un rider aventurier québécois, français hexagonal ou de partout du globe.

Et malgré la langue anglaise seule et unique dans une province d’un pays supposément bilingue, ainsi que déchiré par mon amour pour Paris et ses artistes qui m’ont forgé indirectement, je ne peux qu’attester de l’affection des albertains pour LA et LEUR liberté sans concession. Cela se ressent dès qu’on foule leurs terres et par écho pour la moto, mon constat premier (mais susceptible de changer), est que le Québec ride sur un fond de passion bien pensante avec beaucoup d’interdits et de « m’as-tu vu » sur les réseaux sociaux alors que l’Alberta se satisfait modestement d’une certaine forme avec ses paysages époustouflants et une passion tout aussi dévorante mais basée sur l’acte concret du pilotage…
Confucius le disait à l’époque, après être venu en Alberta à moto : “L’homme de bien préfère être lent à parler mais prompt à rider”