Essai routier: Honda CRF1100L Africa Twin Adventure Sport DCT 2020
Tous ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime relever de nouveaux défis alors, cet essai routier en sera un à plusieurs niveaux!


Forte de mes 25 années d’expérience-moto, me voilà au guidon de la nouvelle Honda CRF1100L Africa Twin Adventures Sport DCT 2020. Bon. Ne passons pas par quatre chemins, cette moto est imposante et définitivement trop haute et trop grosse pour mon gabarit. Par contre! Tous ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime relever de nouveaux défis alors, cet essai routier en sera un à plusieurs niveaux!

Quand on me questionne sur ma grandeur; je préfère répondre 33’’, un chiffre qui représente la mesure entre la semelle de mes bottes et mon entrejambe. Par conséquent, lorsque je place le siège de cette moto à sa position la plus basse, je réussis à toucher au sol des deux côtés, et ce, du bout des bottes. Toutefois, aux arrêts, je peux solidement déposer mon pied gauche en laissant l’autre confortablement placé sur le frein arrière.
Cette moto pèse 524 lbs alors, je ne vous cacherai pas que j’dois faire preuve d’une grande vigilance lors des manoeuvres à basse vitesse dans le trafic, les stationnements ou encore les stations d’essence. Justement, son réservoir peut contenir 24,8 litres et lorsqu’il est bien rempli, il peut – oui – nous permettre de parcourir des distances phénoménales MAIS, en même temps, ce poids additionnel – placé haut – me demandera une sacrée bonne poussée de côté pour la relever de sa béquille latérale.

Ce modèle DCT signifie, bien-sûr, Dual Clutch Transmission et donc, pas de jeu de clutch à gérer. Disons qu’une période d’adaptation est nécessaire puisque la moto tend à décoller vivement sans que l’on puisse nuancer «comme d’habitude»’ avec une clutch. Au début, j’avais tendance à donner des coups de pied «dans le vide» pour rétrograder et j’avoue que ça déclenchait automatiquement un grand sourire de ma part!!
Tout d’abord, avant de presser le bouton «start», sachez qu’on doit attendre environ 20 secondes afin que l’écran s’allume entièrement; on a donc amplement le temps de mettre et d’attacher notre casque… Le mode standard «D» – pour «Drive» – permet des départs plus doux et consomme moins d’essence. Par contre, lorsqu’on veut une accélération digne de ce nom, c’est préférable de choisir le mode «S» pour «Sport» qui rend, ma foi, tous les dépassements… un véritable jeu d’enfant!

Légèrement chargée d’un sac à dos accroché derrière moi, je pars avec mon copain, roulant pour sa part sur le dos d’une belle Africa Twin 2018. Ah oui! Faut surtout pas oublier de mentionner nos fameuses peaux de mouton qui rendent n’importe quel siège encore plus confortable. Bref, nos deux montures ronronnent à l’unisson et sont, ma foi, très agréables à entendre et… à photographier!!
Le matin de notre départ, il fait 16°C alors j’apprécie grandement les poignées chauffantes ainsi que le pare-brise qui, placé à la 5e position, me protège énormément du vent. Sans le savoir, mon choix de destination sera un peu à l’image de cette moto puisque l’Ontario est parsemée de champs PLUS vastes et traversée par des routes PLUS belles et plus lisses… alors que cette nouvelle Africa Twin est PLUS puissante – avec ses 6% plus de torque – et définitivement PLUS sophistiquée au niveau technologique.

Par exemple, cette moto nous permet de créer deux profils de conduite personnalisés: «USER 1» et «USER 2» selon une panoplie impressionnante d’ajustements possibles concernant l’ABS, le «Torque Control» et même le «Whellie Control». Oui, oui, vous avez bien lu! Cette nouvelle technologie permet de contrôler la hauteur de la roue avant mais… vous aurez sans doute deviné, je n’ai pas jugé nécessaire de l’expérimenter!! (clin d’œil)
Lorsque nous empruntons l’autoroute, j’ai l’occasion d’essayer le «Cruise control» pour la première fois et ce dernier me laisse ambivalente; d’un côté, il permet de se dégourdir la main en libérant la tension dans le bras droit mais personnellement, je préfère garder le contrôle de la poignée des gaz. Concernant les clignotants, nul besoin de penser les éteindre; ils cessent de clignoter par eux-mêmes. Fantastique!
Une fois sur les petites routes de campagne, je prends un sacré plaisir à négocier les courbes prononcées. Puissante, douce et linéaire, cette moto est un vrai charme à conduire en mode «S». Notez que peu importe le mode choisi, on peut rétrograder en tout temps grâce à une palette située en bas du klaxon; on peut donc l’accrocher si notre pouce gauche est un peu trop court et/ou trop gauche. (clin d’oeil)
À mes yeux, un essai routier n’est pas uniquement technique mais aussi l’occasion d’explorer de nouveaux coins, de socialiser et de m’émerveiller!

Traversant la région de Upper Canada, j’arrête devant la jolie pancarte de Lunenberg sous laquelle on peut lire: «Slowly please; children being children» et je trouve ce slogan criant de vérité. C’est vrai! Les enfants ont le droit de jouer avec insouciance et c’est à nous, les adultes, de ralentir et de se responsabiliser de notre conduite lorsqu’on traverse des villages!

Une fois à Spencerville, je remarque une grande quantité de bâtiments historiques fort bien conservés. Devant une horloge érigée en mémoire de la famille Baker, j’insiste pour photographier nos deux montures face à face et comme je disais plus haut, pour les déplacements à basse vitesse, j’opte pour le mode «D» afin que la moto soit moins brusque.
Cette Africa Twin est tellement facile à piloter que j’dois prendre garde à ne PAS trop dépasser les limites de vitesse… Est-ce l’empattement plus court ou le système de suspension plus ferme qui rend sa conduite stable au point de ne pas ressentir la vitesse à laquelle on roule?!? Aucune idée mais c’est franchement impressionnant!

Plus loin, c’est avec une joie presque palpable que nous sillonnons les routes 509, 506, 41 puis 28… bourrées de belles courbes et pratiquement sans trafic. Wouah. Nous sommes littéralement entourés d’une forêt vierge truffée d’innombrables lacs. On croise même une pancarte «Turtle crossing» dans le coin d’Ompah. Cette région est vraiment sauvage et de toute beauté!
Après plus de 650 km de route, nous arrivons à Orillia sous un soleil d’un rouge flamboyant. Heureusement, un accueillant gîte AirBnB nous attend et j’avoue qu’une bonne douche chaude sera bienvenue pour détendre mon corps légèrement endolori… Faut dire que ma CB me permet trois positions de conduite pour me dégourdir les jambes en roulant alors, si j’achetais cette Africa Twin, je n’hésiterais pas à lui faire installer des «front pegs» et des «crash bars» afin de pouvoir allonger mes jambes, de temps en temps, même si cela ne correspond pas du tout à l’image ADV pure et dure. (clin d’oeil)

Le lendemain, on se dirige vers Wasaga Beach et quelle surprise de voir autant de sable sur la route et dans le stationnement! Personnellement, cela me rend nostalgique car j’ai vraiment un faible pour les régions désertiques comme Drumheller en Alberta ou encore Exmouth dans le Western Australia. Après une brève balade à pied sur la plage – faut pas trop rêver, quand même! – et quelques photos, on se dirige vers Niagara Falls.
La route Airport s’étire au loin tout en dessinant des montées et des descentes dignes d’une mini-montagne russe… Souvent, on croise des chemins perpendiculaires et lorsque l’heure du midi approche, je décide d’emprunter la SideLine 9 Rd à Mansfield. Nicolas accepte de suivre mon intuition et cela nous permettra de pique-niquer dans un site carrément enchanteur, au bord d’un p’tit ruisseau traversant la SideLine 5 Rd. Merveilleux!

Ce chemin étant couvert de terre et de gravier, j’ai opté pour le mode GRAVEL et j’ai adoré piloter cette moto debout; l’étroitesse du siège rendant cette posture très ergonomique, elle répondait vraiment bien à mon transfert de poids sur les «pegs». J’avais même l’impression qu’elle devenait plus «légère»! Oui, c’est vraiment debout en regardant au-dessus de son pare-brise que j’ai trouvé cette moto joueuse voire sympathique!
En réalité, cette nouvelle AT offre 4 modes de conduite: Tour, Urban, Gravel et Off Road ainsi que trois types d’affichage: Gold, Silver, Bronze selon la quantité d’informations que l’on désire voir sur l’écran… Ouf. Disons que c’est loin d’être intuitif et qu’on doit aimer «pousser des boutons» et naviguer à travers les menus afin de pleinement utiliser toutes ces nouveautés… D’ailleurs, l’écran est désormais tactile et fonctionne très bien avec les gants. NB la vidéo publiée par «ADV Pulse» sur You Tube le 4 septembre dernier nous donne un excellent aperçu du comportement Off Road de cette moto…

Si jamais vous aviez l’occasion de rouler à travers la ville universitaire de Guelph, n’hésitez surtout pas à visiter sa basilique dont les dimensions sont époustouflantes et le style néo-gothique, inspiré par la Cathédrale de Cologne en Allemagne.
Regardez attentivement car les deux Africa Twin sont bel et bien stationnées derrière!!
Nous traversons Hamilton en pleine heure de pointe mais cette ville nous réserve une belle surprise; toutes les lumières du centre-ville sont synchronisées de sorte que nous pouvons la traverser – pendant au-moins 6 km – SANS nous arrêter. Wouah. La Main St, une simple rue bordée de trottoirs, devient carrément une autoroute où les véhicules se faufilent allégrement à une vitesse d’environ 60 km/h. Faut le voir pour le croire!

Concernant les fameuses lumières DEL qui illuminent les courbes lorsqu’on tourne; j’ai eu la chance de les apprécier en roulant dans un noir d’encre le long de la sinueuse Bedford Rd – située à côté du Parc Frontenac – qui devient Canoe Lake Rd jusqu’à Westport. Il s’agit d’une région magnifique et la chaleur d’un bon feu de bois nous attendait dans ce joli gîte AirBnB au toit rouge. Encore une fois, j’ai adoré piloter cette moto debout, en me déhanchant joyeusement à chaque courbe!
Avant de terminer, je tiens à vous raconter LE moment le plus mémorable de mon essai. Ce fut lors de mon tout premier plein d’essence à Valleyfield, oubliant que j’avais un sac à dos sur le siège arrière, je l’accroche de mon pied droit devant le regard amusé d’une femme, debout à la pompe voisine. Son attitude enjouée m’incite à lui expliquer que cette moto n’est pas à moi et que j’dois m’habituer à descendre de selle en laissant mon pied gauche sur le «peg»…
D’un ton rieur, elle me répond que son jeune garçon, assis derrière la vitre teintée du SUV, aimerait bien s’acheter une moto «comme ça» un jour! Wow. Dans mon article sur Manawan et mon essai de la CRF250L 2019, j’écrivais qu’Honda me prête des motos afin de faire rêver les gens et là, on me confirme que j’fais rêver… un enfant! Quelle merveilleuse occasion de leur parler du fameux slogan Honda: «La Puissance des Rêves»!

Voilà donc un autre moment pétillant, grâce à Honda et ma capacité d’entrer en lien rapidement avec de purs inconnus. C’est uniquement plus tard que je réaliserai à quel point ce garçon est chanceux que sa mère l’encourage ainsi à rouler en moto! J’aurais même pu lui donner une carte postale FILLES DE MOTO puisque j’ai participé à l’épisode 6 de leur Saison 2 et il m’en reste quelques-unes dans la poche arrière de mon manteau! Zut. Prochaine fois!!
Lorsqu’on me demande comment j’ai trouvé mon essai routier? J’ai tendance à répondre d’un ton moqueur que cette moto nécessite des talons hauts… et la lecture attentive des 369 pages de son livret d’instructions! (clin d’œil)
En résumé, cette nouvelle Honda CRF1100L Africa Twin Adventure Sport DCT 2020 est une excellente moto pour ceux et celles qui sont PLUS grands et PLUS costauds que moi mais aussi PLUS curieux devant toutes les options et les différents ajustements offerts par cette nouvelle version. Maintenant, après le retour de cette monture sans égratignure; quel est MON rêve? Celui de chevaucher, un jour, une Africa Twin de 800cc au gabarit plus modeste… Après tout, c’est important de rêver et de garder ESPOIR!!!

Merci encore Honda Canada pour la confiance que vous me témoignez et le plaisir, toujours renouvelé, de rouler l’esprit tranquille et la joie au cœur!