KAWASAKI Z H2 SE 2023

C’est drôle, car dans le tourbillon de ma vie quotidienne, les minutes disponibles à la préparation des essais Kawasaki se sont évanouies entre les obligations familiales et professionnelles (car Tous Motards n’est pas mon occupation principale). C’est donc avec une préparation insuffisante, inadéquate et une méconnaissance profonde de la machine (presque une insouciance crasse) que j’aborde cet essai.

Aussi, j’ai des appréhensions réelles à piloter la Kawasaki Z H2 SE. Dans ma carrière de motocycliste, mon essai kawasaki précédent avait été celui du Concours 14 2018.  Certes l’expérience avait été enrichissante parce que j’étais encore plus vert (pardonnez le jeu de mot douteux), mais avant tout je n’avais pas trouvé la moto agréable à piloter, capricieuse, lourde du devant.  Je n’y trouvais pas mes marques, les manœuvres à basse vitesse me faisaient souffrir (et je suis passé près de faire souffrir la moto à quelques occasions par le fait même). C’est avec ces aprioris que j’enfourche la Z H2 SE 2023 au QG de Kawasaki en ce magnifique jour de la fin septembre.  

La part de l’ange (de Marc-Antoine)

Quelques mètres, c’est la distance que j’ai dû parcourir pour que mes idées préconçues se volatilisent!  L’expérience et l’équilibre que j’allais trouver sur cette moto, ma première réelle hypersportive, allaient me transporter à un autre niveau de conscience…au vert!  

Pourquoi tant d’entourloupettes pour parler d’une expérience moto?  Parce qu’après tout, une grande révélation m’attendait, mais aussi parce que j’avais, de mon côté, fait le cheminement pour me préparer à vivre l’expérience.  Mais laissons de côté la psychologie évolutionniste et revenons à notre moto!  

C’est Arnold qui aura le premier tour au guidon de la supermachine.  À l’entendre, je sais ce qui m’attend; Une révélation.  Il ne tarit pas d’éloges pour le 4 cylindres qui gloute à qui mieux mieux, particulièrement en frein moteur.  La moto nous est livrée en mode “RIDER” et empressés que nous sommes, nous partons sans tenter de comprendre qu’est ce qui en retourne.  Peu importe, elle est civilisée mais ne cache pas son potentiel vénère…

Si la suite du texte vous semble un peu déroutante, alors j’aurai réussi mon pari, celui de vous faire vivre et comprendre la gamme d’émotions par laquelle j’ai passé à ce moment-là (incrédulité, confusion, frustration, tension, soulagement).  Arnold et moi roulons à un rythme correct, sans abus pour près de 300 km d’autoroute. C’est là que les surprises nous attendent.  La première nous vient de la  Z H2; Elle a soif!  Pourtant notre itinéraire affichait un nombre de kilomètres bien inférieur à l’autonomie de la machine.  Par dessus le marché, nous sommes un brin perdus (plutôt, méconnaissants de la région où nous nous trouvons) et nous sommes à la brunante.  Dans la région des Muskokas, on peut ravitailler l’essence d’un bateau sur chacun des lacs, mais pour les véhicules routiers, on dirait que c’est comme trouver une aiguille dans une botte de foin.

Nous finissons par trouver notre salut au bout de 85km passés sur la réserve.  35km après que même la Z H2 n’ose même plus estimer l’autonomie restante… C’est que voyez-vous, la jauge est aussi imprécise que précipitée…Celle-ci affiche au-dessus de la moitié du réservoir pendant un long moment jusqu’à ce qu’elle tombe très rapidement à 1 cinquième, puis à la réserve sans crier gare.  En plus, l’affichage de l’autonomie qui nous annonce 50 km disparaît subitement pour un “—”, nous abandonnant dans l’inconnu et l’inconfort.  Même nos mobiles luttant pour une faible réception, rendent l’affichage des rares stations d’essence incertain.

À Gravenhurst, là où nous nous ravitaillons en essence et en nourriture, nous prenons la sage décision de couper court pour rejoindre notre hôtel à Huntsville.  Il fait froid, il est tard et nous pourrons rouler à satiété le lendemain.  Une caractéristique que les journalistes moto pssent souvent sous silence, c’est la puissance des phares la nuit.  De notre côté, notre escapade nocturne nous donne l’occasion de faire la lumière sur la chose, pour la Z H2, c’est 8 sur 10 en termes de puissance et de portée.

Des routes dignes du Z H2

Le repos du guerrier ayant fait son œuvre, nous reprenons la route le lendemain pour un itinéraire qui nous mènera de la région des Muskokas vers les Highlands.  Après un arrêt vlog obligé, nous traversons le parc Algonquin par la route 60 pour nous rendre à Calabogie, où se trouve un circuit prisé des amateurs de sports motorisés.  

Nous ne sommes pas qualifiés pour piloter en piste, de plus l’idée c’est d’utiliser la moto sur la route dans des contextes plus conventionnels pour le motard lambda.  Le circuit nous donnera une opportunité de mise en scène pour la conclusion de notre VLOG. 

Nous ne serons pas en reste car le parc Algonquin nous fait l’honneur de ses paysages majestueux rehaussés par un temps de rêve, pour une fois cette année dame nature nous gâte d’une de ses belles journées.

Arnold profite d’un arrêt au Brewer Lake pour explorer les réglages de la moto.  On y engage le mode sport, on ajuste quelques configurations et…c’est reparti pour la route 66 (et oui, comme la mythique des USA) et quoique moins mythique que sa cousine américaine, elle nous mène vers Calabogie avec une succession de courbes, de dénivelés et une qualité de pavage qui trouve difficilement un équivalent dans la belle province et qui permet d’obtenir de belles sensations, si vous voyez ce que je veux dire.  Mais non sans une nouvelle frousse au niveau du carburant.

Ça devient un thème en Ontario on dirait, les stations d’essence sont cachées, dans des recoins et avec des  heures d’ouverture limitées.  On peut aussi parler de l’optimisme des pilotes (ah ouais on est larges, on n’arrête pas ici…) qui refusent de s’arrêter et de l’imprécision de la jauge qu’on finira par comprendre après 3 fois d’affichage prolongé de l’avertissement de réserve.  Leçon de vie apprise, l’essence c’est comme le sexe après 60 ans, quand l’occasion se présente, il faut en profiter!

Des réactions en masse

À chacun de nos arrêts, nos motos font réagir.  Que ce soit le Z900RS Cafe (voir l’article) ou le Z H2, on nous envoie des “nice bikes” à tous nos arrêts.  Des jeunes comme des vieux nous envoient des regards admiratifs.  Même chose du côté d’un concessionnaire d’une autre marque chez qui on s’arrête demander où est la station d’essence la plus près, qui ne tarit pas d’éloges sur le Z H2.

C’est vrai qu’elles sont réussies ces Kawasaki!  En rétrospective, je pense que je m’étais privé du bonheur de ces machines pendant bien trop longtemps simplement parce que je ne suis pas un fan fini du vert, mais à rouler ces deux machines j’ai eu deux révélations; Premièrement, l’habit ne fait pas le moine.  Deuxièmement, le Z H2 offre au pilote qui cherche à aller plus loin en termes d’aptitudes et de développement une voie d’accès intéressante.  Au guidon de cette moto j’avais l’impression que tout était plus facile, je trouvais mes repères, j’étais à l’aise, mes trajectoires étaient plus justes et que tout ca me permettait de commencer à développer d’autres aspects de mon pilotage.

L’expérience pousse vers l’expérience

Les maniaques spécifications techniques et de techno-blabla sont déçus à la lecture de ce texte.  Il leur manque le nombre de degrés d’angle de chasse, le nombre de millimètres de débattement de la suspension, les dimensions des fourches et autres spécifications soi-disant si importantes à savoir.  Si vous êtes de cette bande, je vous réfère au site Kawasaki pour tout savoir.  

Ceux intéressés à savoir si la Kawasaki Z H2 peut leur convenir, si elle peut leur permettre de faire de longues balades en toutes conditions, si elle peut leur permettre d’atteindre un niveau de conscience supérieur, ce texte est pour vous.  

Ma conclusion c’est le titre de ce paragraphe.  Il faut de l’expérience pour faire des expériences, et il faut faire des expériences pour se bâtir une expérience.  Dans mon cas, je crois que j’étais simplement mûr pour cet essai.  J’en conclus qu’avec une machine d’exception entre les mains, je retrouve la joie d’être sur les routes, la satisfaction de sentir que j’ai évolué, mais aussi que j’évolue encore.  Merci à Kawasaki de m’avoir donné l’opportunité de le réaliser!

La part du diable (d’Arnold):

Salut à tous amis de Tous Motards.

 Marc vous ayant fait un beau résumé de notre fugue ontarienne au guidon des deux Kawasaki de presse que maintenant je n’ai plus qu’une seule chose à faire c’est de passer aux aveux! Je n’ai pas fait de moto depuis notre retour de Toronto! Pas que je n’en ai pas eu l’occasion mais me voilà replongé au temps de mon adolescence! 

Je m’explique; à 12 ou 13 ans je ne sais plus trop…son nom: Aline. Ce dont je me souviens par exemple c’est qu’il était hors de question que je me lave les lèvres du goût merveilleux de son premier, seul et unique baiser! Ben voilà, j’en suis là les amis dans mes réflexions! Les sensations, l’excitation, le plaisir ressenti au guidon de la Z H2, ça faisait tellement longtemps que ça ne m’était pas arrivé que c’est un peux comme le premier baiser. 

C’est fou ce que c’est enivrant. Et pourtant, Kawasaki lover affirmé et fier de l’être, j’ai un petit pincement au cœur. Je me sens fourbe et vil car j’ai trompé mon amour de jeunesse, la fille (La raison du seul et unique) comme la moto! Eh oui je suis un salaud! Chacun qui me connait sait que celle que je désire…désirais, se nomme ZX14.  Mais aujourd’hui une superbe très bien roulée aux yeux verts m’a fait chavirer. 

Il y a ce gloussement au relâchement de la poignée des gaz (Merci au surcompresseur), sa facilité à s’offrir à bas comme à haut régime, sa belle rigueur et le sentiment immédiat que je pouvais compter sur elle pour m’accompagner et m’assister au besoin dans mes débordements d’enthousiasme. Mais aussi son caractère à la fois léger et impératif qui requiert toute mon attention et ma dévotion. 

Une belle et exigeante, avec un caractère distinctement exceptionnel. Alors oui, TOUJOURS Kawasaki lover, mais comme tous les cinquantenaires qui rêvent au bras d’une jeunesse d’un passé bien dépassé, j’avoue je suis lâche et exit les rêves de ZX14 pour cette belle Z H2.

En passant un volontaire pour reconduire ma banale 1050 pour son remisage d’hiver?

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