Le Dark side de Tous Motards : YAMAHA MT-10 SP 2022

Incursion dans le domaine des hyper-naked à bord du missile de croisière de Yamaha, la MT-10 SP. C’est sous le déluge que nous récupérons le Yamaha MT-10 SP tonton Hervé et moi (Marc-Antoine). Avec près de 160 chevaux, ça ne sera pas de la tarte sous la pluie !

Mais J’ai dû réécrire la suite, car tous les scénarios catastrophes que je m’étais imaginés ne se sont évidemment pas réalisés et c’est sain et sauf que nous sommes rentrés à la maison avec le Dark side of Japan. Il faut dire que les pneus d’origine, des Bridgestone S22, sont rassurants.
Je m’attendais à une moto très nerveuse sans trop de vernis, qui ne ferait qu’en mettre plein la vue en vous projetant les chevaux à la figure sans plus de finition. Une grosse brute difficile à dompter, à l’humeur maussade. Grande révélation, la machine toute puissante reste tout de même abordable lorsqu’elle est manipulée avec soin.

Le MT-10 est un dérivé de la R1, la grande sportive de Yamaha. Elle hérite d’un magnifique moteur crossplane (CP4) qui tourne comme une horloge. Absence de vibration totale, le moteur ronronne comme un gros chat grâce à ses ouvertures judicieusement placées de part et d’autres du large réservoir. Il fournit une puissance étonnante qui est livrée assez graduellement, malgré deux soubresauts bien sentis, autour de 4000 et de 9000 tours minutes. Dans le casque, c’est la banane à chaque fois !


Pour transmettre la cavalerie aux roues, c’est une boîte 6 vitesses qu’on retrouve à bord. Mais d’un air taquin, on dira qu’il n’y en a vraiment que 3 qui sont nécessaires. La première est plutôt longue et on peut rapidement se retrouver à vitesse d’autoroute sans avoir essayé le Quickshift. Allons ! N’allez pas croire que nous sommes affamés d’accélérations incroyables et que nous avons systématiquement appliqué cette recette. La vérité c’est que la machine demande un certain doigté quand le compte tour montre plus de 8000 tours minute.

Ce qui fait la principale différence du SP, ce sont les suspensions à commande électronique Ohlins. De pair avec la centrale inertielle, la suspension du MT-10 SP peut être réglée d’une multitude de façons, en accédant à un menu de réglages. Trois préréglages d’amortissement semi-actifs (A-1, A-2 et A-3) s’y retrouvent de même que 3 réglages manuels. À retenir, le réglage A-1 pour les sportifs et le réglage A-3 pour les cinquantenaires ayant à cœur d’éviter le lumbago. Les modes manuels plairont aux adeptes des journées sur piste. Autrement, le SP se démarque par les boyaux de frein en acier, un coloris exclusif au modèle et des éléments de carrosserie au niveau du radiateur d’huile.

Toute cette belle mécanique est soutenue par un système évolué ultra-complet d’assistances électroniques. Les paramètres sont réglables dans les menus de son écran TFT par les commandes disposées aux commodos. On y retrouve un mode “track day” dont la présentation masque la jauge à essence par le rapport de boîte.

Au guidon

Une fois les premiers kilomètres d’acclimatation parcourus, on est de plus en plus à l’aise sur ce monstre venu du Japon. La petite bulle, offerte en accessoire d’origine Yamaha, fait un bon travail. On apprécie l’avoir lors de nos grosses journées de route. On remarque après quelques déplacements dans les stationnements que le MT-10 SP a un rayon de braquage plutôt important.

Ceux qui me connaissent savent mon aversion envers la traversée des ponts et de l’île de Montréal. Travaux routiers, routes endommagées et bouchons de circulation contribuent à cette aversion. C’est pourtant le choix que nous avons fait lors de notre principale journée d’essai. Nous avons parcouru les routes 327, 364 et 329, au nord de Montréal. Après un passage sur les autoroutes 13 et 640, nous avons emprunté la route 148 jusqu’à la route 327. La première section de notre itinéraire se déroule sans réel incident. Grande surprise, la route 327 est très endommagée. Endommagée comme mon dos au terme du premier 125km. Puis dès qu’on passe Weir, les choses s’améliorent. Le reste du tronçon jusqu’à Mont Tremblant est en meilleur état et on apprécie un peu plus la MT-10 dans les longs virages, les chemins sinueux. Les reprises sont enlevantes, le freinage est autoritaire et le dos du pilote peut se reposer. C’est une moto pour ce genre de tracé (en supposant que la route est en bon état), mais attention car la MT-10 s’envole à rien et les limites de vitesse facilement atteintes. Nous nous rendons jusqu’au pied des pistes de Mont-Tremblant.
Premier tronçon


Après un dîner réparateur, nous mettons les voiles vers Morin Heights pour le deuxième tronçon avec Arnold aux commandes du MT-10 SP. Ses commentaires feront état du look moderne, d’une boîte de vitesses aux 3 rapports facultatifs et des miroirs jolis mais relativement inutiles. En effet, ce n’est pas pour se voir les coudes qu’on installe des rétroviseurs sur les motos.
Deuxième tronçon

Puis à Morin Heights, c’est Pol-Emile qui prendra le guidon du gros roadster. Après avoir été ramené à l’ordre par un propriétaire de Harley-Davidson (qui sourire en coin lui recommande de retirer la béquille avant de passer la première), Polo nous livre ses premières impressions par des fous rires, comme si on le chatouillait entre les deux gros orteils…C’est l’effet MT-10 SP. (Voir ci-dessous pour son avis complet)

Notre troisième tronçon nous ramène à la maison par la route 329. En bien meilleur état que sa cousine 327, nous franchissons les kilomètres nous séparant de la crème glacée en un rien de temps.
Troisième tronçon

Au total, nous avons parcouru plus de 350km sur le MT-10 SP.
itinéraire complet


Seule ombre au tableau, la Yam aura consommé un énorme 32 litres d’essence pour parcourir cette distance pour une consommation gênante de plus de 9 l/100km. On se serait attendu à ce que le monstre de la marque aux diapasons soit un peu moins gourmand.
La MT-10 SP est une moto dont l’ensemble est très réussi. Les performances sont au rendez-vous, tout comme les sourires et les rires nerveux de ses pilotes. Une monture qui s’est avérée un délice pour les pilotes de Tous Motards !

L’avis de Polo :
Premier contact visuel avec la MT-10, elle attire l’œil. Sa face avant avec son regard et ses sourcils froncés lui donne un air agressif qui n’est pas pour me déplaire. L’arrière est par contre tout à fait quelconque. Lors de cette première partie de balade dans les Laurentides, c’est surtout son arrière train que j’ai observé. Par contre, j’ai écouté avec plaisir les grondements de l’échappement d’origine. Quelques heures plus tard et une poutine enfilée, je prends enfin le guidon de ce roadster beaucoup trop puissant. Premier constat, la hauteur de selle est bien plus importante que mon Z900. Pas difficile me direz-vous ! Néanmoins, on s’y sent bien. Arrêté à une station essence pour effectuer l’échange, le démarrage est peu glorieux. Moteur allumé, j’enclenche la première et patatras : je cale ! Le gentil motard en Harley avec son bol sur la tête vient me prévenir que ma béquille n’est pas remontée, malaisant…
Ni une ni deux, me voilà à devoir rattraper mes compères déjà partis. Pour le coup, il n’y a pas de danger de se faire distancer à son guidon. Je m’y sens directement bien, la position est droite et les jambes sont moins pliées que sur ma Kawa. La bulle optionnelle fonctionne à merveille. Chaque accélération me fait pousser des gloussements de plaisir.
Sans mauvais jeu de mots : le bonheur est à portée de poignet. Malheureusement les limites de vitesse sont trop basses ou la cavalerie est trop nombreuse, mais impossible d’exploiter la bête sur route ouverte. La bande son accompagne parfaitement l’engin, le bruit de la boite à air procure autant de plaisir que ses reprises fulgurantes. Malgré sa fiche technique impressionnante, la prise en main est rapide en ce qui me concerne.
Côté négatif, la boite de vitesse est rugueuse à la descente. On a presque l’impression qu’il n’y a pas de « quickshifter down » et qu’on force le passage de vitesse. J’ai remarqué aussi quelques vibrations à vitesse modérée. On passera sur l’art de Yamaha de placer le klaxon en plein milieu ou encore sur les rétroviseurs qui permettent d’avoir une vue imprenable sur ses coudes.
Des défauts mineurs à comparer aux sensations que ce roadster démoniaque procure, j’en redemande !

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